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L’APÔTRE PAUL RÉPOND À QUATRE QUESTIONS

Comprendre l’œuvre de Christ est essentiel pour celui ou celle qui désire enraciner son pèlerinage ici-bas dans une spiritualité à la fois libératrice et féconde. C’est pour cette raison que l’apôtre Paul s’efforçait de conduire tout homme à la perfection (maturité, Col 1.28). Cette maturité est le fruit, du moins en partie, de l’acquisition de la connaissance approfondie de l’œuvre du Seigneur Jésus.


Les chapitres 6 à 8 de la lettre aux Romains nous permet d’acquérir une telle connaissance de l’œuvre de Dieu en Jésus-Christ. La structure de ces chapitres se formule autour de quatre questions dont les réponses fondent notre relation avec Dieu. Celles-ci se trouvent aux versets 6.1, 6.15, 7.7 et 7.24.


Un peu de contexte

Du chapitre 5.12 à la fin, l’apôtre compare deux grands personnages de l’histoire, Adam et Jésus, ainsi que l’influence et les conséquences qu’ils ont engendrées. Adam a introduit le péché et par le péché la mort. Ainsi toute l’humanité a été plongée dans la mort et l’esclavage du péché. Jésus, considéré comme le deuxième Adam, a introduit le don de la grâce et la vie éternelle, ouvrant la porte à une nouvelle race d’humains, ceux qui sont sous la grâce. Le chapitre 5 termine avec ce texte sublime : 20 Or, la loi est intervenue pour que l’offense abondât, mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur (Rom 5.20-21).


PREMIÈRE QUESTION

Naturellement, les adversaires de Paul l’accusaient de faire fi de la loi et d’ouvrir la porte à la production du mal. Le mal fait-il abonder la grâce ? Alors, pourquoi ne pas faire le mal, pour qu’il y ait plus de grâce ? Voilà la raison de notre première question : « Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? » (Rom 6.1).


La réponse de l’apôtre Paul à cette question est non seulement brillante, elle est profondément théologique et spirituelle. Sa réponse : « Loin de là ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? » (Rom 6.2). Cette première question est pour ainsi dire la thèse de l’apôtre : comment un mort peut-il vivre dans la non-mort (dans notre existence) ? Les versets 3-4 nous présentent l’union avec Christ. Nous avons été unis à la mort et à la résurrection du Seigneur Jésus. Cette union a engendré une nouvelle manière de vivre qui n’est plus sous la gouverne du péché. L’apôtre le dit bien : « En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection » (Rom 6.5). La coupure du lien entre le péché, son esclavage et nous, n’est pas le résultat de notre poursuite de la sanctification, mais elle résulte de l’œuvre accompli à la croix et à la résurrection, et de notre union avec cette œuvre salvatrice.


Les versets qui suivent, décrivent plus clairement la réalité de cette union : Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché ; 7 car celui qui est mort est libre du péché (Rom 6.6-7). Le vieil homme c’est l’humanité, l’Adam représentatif de toute l’humanité. Celui-ci a été crucifié en la personne de Christ, qui, par l’incarnation avait revêtu notre humanité. La crucifixion avait pour but non seulement la libération du pouvoir du péché, mais de mettre au monde une nouvelle humanité, le nouvel homme. L’apôtre le dit si bien : « celui qui est mort est libre du péché. » Voilà pourquoi nous ne pouvons plus continuer à vivre dans le péché afin que la grâce abonde. Nous ne sommes plus dans la sphère de sa domination, parce que le lien entre la sphère du péché et nous a été rompue par notre union en sa mort.


Les versets 8 à 10 sont la conclusion de cette première question (6.1).  8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, 9 sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. 10 Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes ; il est revenu à la vie, et c’est pour Dieu qu’il vit (Rom 6.8-10). Une fois ressuscité, il n’y a plus de mort ! Et s’il n’y a plus de mort, ce passage de la mort à la vie engendre « vivre pour Dieu ». Ce n’est plus le pouvoir du péché qui est notre maître, par le moyen de l’union avec Christ en sa mort et sa résurrection nous vivons sous un nouveau régime, celui de l’Esprit.


Que devons penser ? Si je suis ressuscité avec Christ, alors je suis mort au péché et vivant pour Dieu. Voilà ce que je dois croire ! Cette vérité ne repose pas sur une performance personnelle quelconque, mais sur ce que Dieu a fait en Christ Jésus. C’est là l’expression de sa grâce. Dieu a décidé que la mort et la résurrection seraient le fondement de notre salut. Le salut est l’expression d’un acte divin. Par la foi j’ai été uni à la mort de Christ de sorte que je suis mort avec lui au pouvoir du péché. De plus, lorsque Christ est ressuscité, je suis ressuscité avec lui. Je suis passé de la mort à la vie éternelle. Tout cela par la foi. Demeurer dans le péché, certes non ! (6.1).


Ce que Christ a fait, je l’ai fait par lui. Maintenant, je vis pour Dieu ! Crois-le, car nos faiblesses et péchés actuels ne sauraient briser notre union avec Christ et son œuvre. « Que dirons-nous donc à l’égard de ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8.31).


 DEUXIÈME QUESTION

Après avoir établi que la nouvelle vie du croyant est le fruit d’une union salvatrice avec la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, une deuxième question se pose : si nous ne sommes plus sous le pouvoir du péché et que celui-ci ne peut plus nous gouverner, alors quelle relation avons-nous avec la Loi de Dieu ? L’importance de cette question est en lien avec la mixité des cultures (Juifs et Païens) qui engendrait une confusion déstabilisante dans la communion des églises. Pour plusieurs, l’importance de la loi et de ses exigences était primordiale. Selon la pensée juive, on ne peut pas effacer 1400 ans d’histoire. C’est pourquoi, cette prochaine question comprend trois éléments : la loi, le péché et la grâce. L’apôtre introduit le sujet suite à la conclusion de la première partie du chapitre 6 : Car le péché n’aura point de pouvoir sur vous, puisque vous êtes, non sous la loi, mais sous la grâce (Rom 6.14). Cette conclusion entraîne cette autre question : « Quoi donc ! Pécherions-nous, parce que nous sommes, non sous la loi, mais sous la grâce ? » (Rom 6.15). Naturellement, la réponse est « Loin de là ! ». La grâce ne peut conduire à la pratique du péché. Il est important de noter que l’introduction de la loi dans la deuxième question laisse présager une discussion future que l’apôtre reprendra au chapitre 7.


Alors, « Pécherions-nous, parce que nous sommes, non sous la loi, mais sous la grâce ? » Notons premièrement qu’être sous une chose, la loi, un roi, un gouvernement, sous-entend la subordination. Nous sommes tous comme Canadiens soumis aux lois qui gouvernent notre pays. La désobéissance entraine les conséquences énoncées par la loi. De même, être sous la loi mosaïque et être sous la grâce entraine des conséquences inévitables. Pour montrer l’importance de cette réalité, l’apôtre utilise la métaphore de l’esclavage. Selon lui, il n’existe que deux régimes : être sous la loi ou être sous la grâce. Le régime de la loi entraine inévitablement la condamnation. Nous verrons plus loin qu’il y a chez Paul une quadrilogie : la loi, le péché, la mort et la chair. Ces quatre composantes constituent la sphère d’existence dans laquelle naissent tous les humains. C’est pour cette raison que le mot sous transporte l’idée d’un régime dont la dictature est imposée sur les sujets et qui les plongent dans l’esclavage. De même, la métaphore de l’esclavage est aussi appliquée au régime de la grâce, bien que ce dernier ne fonctionne pas comme la dictature du régime de la loi. Le régime de la grâce est associé à l’Esprit, la vie et la justice de Dieu.


En recevant Christ comme sauveur, nous l’avons aussi reçu comme Maître (Kurios/Seigneur). Ainsi, il a tous les droits sur nous. Son autorité dicte notre manière de vivre. Les versets 6.17-18 confirment ce présent statut : 17 Mais grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine dans laquelle vous avez été instruits. 18 Ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice.  Cette justice est celle que Dieu a accomplie par l’œuvre de Christ.


Ce changement d’esclavage (usage métaphorique) menant à un changement de vie, conduit inévitablement à des résultats diamétralement opposés. Les fruits de notre ancienne relation avec la puissance du péché ne pouvaient que produire la mort, mais nous avons été affranchis, l’apôtre le dit bien : « Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle » (Rom 6.22). La rupture spirituelle en Christ Jésus a produit un clivage des affections et des comportements. Nous vivons maintenant pour Dieu et nous produisons des fruits dignes de celui qui nous libère.


Alors, « Pécherions-nous, parce que nous sommes, non sous la loi, mais sous la grâce ? » L’apôtre répond : « Loin de là ! » Nous sommes maintenant des esclaves de Christ, sous le régime de la grâce et de l’Esprit.


 TROISIÈME QUESTION

La réflexion de l’apôtre aborde maintenant le rôle de la loi mosaïque. Si par notre union avec Christ, nous ne sommes plus sous la loi mais sous la grâce, alors pourquoi la loi ? J’imagine que ce sujet devait être déroutant pour les Juifs croyants. Toute leur éducation avait été organisée autour de la loi. L’apparition de Jésus-Christ dans l’histoire exigeait un changement de pensée à l’égard de la loi. Plusieurs Juifs croyants, pour qui la loi était le facteur déterminant qui les démarquait du reste du monde, n’arrivaient plus à se situer. Tout leur système d’interprétation de la réalité était empreint de la loi. Comment expliquer la vie sans la loi ? La réponse de Paul entrainait de sérieuses conséquences pour l’avenir des observateurs de la loi. Comment répondre à cette question ?


Dès le début du chapitre 7, la réponse de l’apôtre pose les premières pensées de son argumentaire. La première proposition de son raisonnement est : 1) tant qu’une personne est en vie, elle est sous le régime de la loi, mais si elle meurt, la loi n’a plus de pouvoir sur elle. Il démontre la vérité de cette proposition en utilisant le mariage. 7.1 La loi exerce son pouvoir sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ? 2 Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.


Cet argument est ensuite appliqué à la loi : « De même, mes frères, vous aussi vous avez été, par le corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi » (Rom 7.4). La loi de Moïse ne détermine plus notre vision du monde et elle n’est plus la mesure du statut du croyant.


C’est ici que l’apôtre introduit la troisième question : « Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? » (Rom 7.7). La réponse de l’apôtre porte à confusion pour les croyants de notre temps. Plusieurs pensent que Paul parle de sa condition de chrétien et du combat intérieur qu’il vit. Pourtant, ce n’est pas le sujet dont il parle. Paul explique la condition de celui qui est sous la loi. Pour nous les croyants, l’apôtre a déjà dit que nous ne plus sous la loi (6.15). De plus, celui dont parle l’apôtre est dans une condition précaire en ce qui concerne le salut puisqu’il dit : « Nous savons, en effet, que la loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché » (Rom 7.14). Cette condition ne peut pas être celle d’un croyant en union avec Christ. Nous ne sommes plus sous le pouvoir du péché, alors comment serions-nous encore vendus au péché ? C’est du Juif sous la loi dont il parle. Si la loi est spirituelle et bonne (v.12) où est le problème ? Dans la chair, nous dit l’apôtre. La loi conduit à la connaissance du péché (v.7). La présence du péché conduit à la mort (v.8, cf. 5.12). La présence du péché engendre l’impossibilité de suivre la loi (vv.17-23).


L’apôtre conclut en disant : « Moi, le Juif, qui essaie de plaire à Dieu, j’ai en moi une loi plus forte que la loi de Moïse, celle de la chair, je fais le mal que je ne veux pas et je ne peux m’en empêcher ! (7.23). J’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien » (v.18).  Cette condition est irrévocable. Au verset 8.3 l’apôtre ajoute : « Car chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force. »


Alors, « Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? » (Rom 7.7). Certes non, mais elle ne peut que condamner ceux qui sont sous sa gouvernance. Il est illusoire de croire que la loi peut éliminer le mal, car le problème réside non pas dans la loi, mais dans la nature humaine. La loi dicte, mais elle est incapable de changer le cœur.


QUATRIÈME QUESTION

Après avoir démontré que la loi est l’outil du péché et que la mort est son fruit, l’apôtre s’écrie « Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort ? » (Rom 7.24). C’est ici que l’argumentaire de l’apôtre atteint son apogée. Il y a une délivrance ! « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur! 1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. 2 En effet, la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Rom 8.1-2).


La grâce de Dieu est supérieure à la loi de Moïse, parce la loi de l’Esprit engendre la vie émanant de l’œuvre accomplie de Jésus-Christ. Cette délivrance comprend l’affranchissement de la loi qui mène au péché et du péché qui mène à la mort. Christ a accompli le salut et l’Esprit l’applique. Il est impossible d’avoir la vie éternelle sans l’action du Saint-Esprit.


CONCLUSION

Rassemblons les éléments de la pensée de l’apôtre. Nous ne pouvons pas vivre dans le péché parce que nous avons participé à la mort et à la résurrection de Christ. Nous sommes maintenant morts au péché et vivants pour Dieu (6.1-15). Cette participation à l’œuvre accomplie par Christ nous a libérés du régime de la loi. Nous sommes maintenant sous la grâce et la sainteté est notre bannière (Rom 6.15-23). La loi qui produit la connaissance du péché mène inévitablement à la mort. Elle est incapable de changer le cœur (7.7-23). Où trouve-t-on la délivrance ? La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ nous a affranchi de la loi du péché et de la mort (Rom 8.1-4). Maintenant, nous les enfants de Dieu, nous marchons en nouveauté de vie et nos œuvres sont la démonstration de notre union avec Christ en sa mort et sa résurrection.

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